IL FAUT SAVOIR ARRETER.................

                                                                 

Bonjour Zinédine, je crois que tu as une annonce importante à nous faire…
C’est vrai que c’est une annonce importante puisque c’est l’annonce de ma fin de carrière internationale avec l’équipe de France. C’est important. J’avais mûrement réfléchi cette décision. Je pense qu’à un moment donné, il faut savoir dire « stop ». Hier, j’ai prévenu le sélectionneur, et ce midi je le dis publiquement. Ce n’est pas facile : on s’aperçoit que cela fait dix ans de carrière qui sont passés avec des belles et des moins belles choses… mais surtout des belles (rires). C’est difficile de se dire qu’on arrête tout cela. Mais il faut savoir le faire. C’était l’heure, c’est mon heure à moi. C’est la fin d’un cycle : il y a eu des joueurs très importants qui l’ont fait en 2002, d’autres joueurs le font, j’en fais partie. C’est comme cela, il faut savoir arrêter un jour.
 
C’est une décision qui n’a pas été prise dernièrement après l’Euro 2004…
Non, ce n’est pas sur un coup de tête que j’ai décidé d’arrêter l’équipe de France. C’est clair que ça me trottait dans la tête depuis un moment. J’y pensais avant l’Euro. Indépendamment du résultat, j’avais prévu d’arrêter l’équipe de France. C’est toujours beaucoup plus facile de le faire quand on perd que quand on reste sur des victoires. Là on a envie de continuer pour pouvoir avoir les mêmes sensations. Quand on perd ça se passe plus facilement.
 
Tu n’avais plus la motivation suffisante pour continuer deux ans de plus jusqu’au Mondial ?
J’ai bien réfléchi. Je ne me sentais pas de repartir deux ans pour préparer un événement tellement important… Je me suis dis que cela allait être peut-être plus difficile… Ce n’est pas la motivation, car tant que je serai joueur je serai motivé. Mais c’est le fait de se dire qu’on va se préparer pendant deux ans et se dire qu’à l’arrivée on ne va peut-être pas gagner… C’est arrivé une fois, deux fois, je n’avais pas envie que cela arrive trois fois. L’équipe de France a envie d’ouvrir une autre page avec d’autres joueurs. C’est possible comme cela avec une nouvelle génération, avec un nouveau souffle, avec des joueurs confirmés comme Vieira, Makelele, Henry, Sagnol, Barthez, bien sûr, mais aussi avec d’autres joueurs tous nouveaux. Il faut savoir laisser la place aux jeunes et leur dire de bien se préparer, leur laisser le temps de préparer 2006.
 
Quel sera LE plus grand souvenir de votre vie en Bleu ?
Sans hésitation, ce sera la Coupe du Monde gagnée en France, dans notre pays avec tous les gens qui nous ont soutenus, qui ont fait la fête. Je me souviendrai de ce peuple multicolore. Dans la rue, il n’y avait qu’un seul but faire la fête : il n’y avait pas de couleurs de peau, il n’y avait que de la joie. C’est mon plus grand souvenir. Ca restera à jamais.
 
Cette décision va te permettre de te concentrer exclusivement sur le Real Madrid qui a fait un grand pas mercredi pour la qualification en Ligue des Champions… Avoir plus de temps de récupération à ton âge, c’est important ?
Automatiquement, ça me laissera le temps de me concentrer juste sur Madrid. J’aurai plus de plages de repos. Il y aura des matchs en moins dans la saison. Mais ce n’est pas ce qui a fait pencher la balance.
 
Les fans espagnols auront donc la chance de te voir plus souvent que tes fans français… As-tu un message pour eux.
Je tiens à remercier ces fans pour leur soutien jusqu’à aujourd’hui. Je pense que j’ai beaucoup de chance d’avoir ce soutien. C’est indispensable pour un joueur de haut  niveau de se sentir aimé. Je leur dis « merci » tout simplement. J’espère qu’ils continueront à me suivre avec le Real Madrid. A un moment donné il faut savoir laisser la place aux jeunes. Après la Coupe du Monde 2002, il s’est passé quelque chose. L’Euro a confirmé tout cela. Il fallait changer un peu tout ça : changer d’habitudes, d’équipe, de joueurs. J’en fais partie. Quand j’ai eu les kinés, l’ostéopathe Philippe Boixel, Henri Emile. Tout ça fait partie de ma génération : je ne pouvais pas non plus y échapper. On a vécu de belles aventures ensemble. Il y aura désormais l’association France 98 pour nous…
 
Avec un grand jubilé pour les Zidane, Desailly, Lizarazu et Thuram ?
On se retrouvera. On a eu l’occasion de se retrouver, on aura d’autres occasions pour se faire plaisir ensemble. Maintenant l’équipe de France, c’est autre chose. Je souhaite beaucoup de courage et de bonnes choses à cette équipe de France. L’équipe de France, c’est le sommet. Une chose est sûre, sachez-le, l’équipe de France est la plus belle chose qui me soit arrivée. Il ne faudra jamais douter de cela. C’est la plus belle chose qui me soit arrivée dans ma vie professionnelle. Je suis très heureux d’avoir eu 93 sélections.